Un cœur nouveau par la Parole et par l’Esprit 1/15

Engendré par la Parole

« Une Parole qui donne naissance à une communauté. »

Discours du Pape Benoit XVI aux Bernardins

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I. La Promesse du Père

1. Moïse

Dt. 4, 1..6..40 : « Maintenant, Israël, écoute les décrets et les ordonnances que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez, vous entrerez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères. » « Vous les garderez et vous les mettrez en pratique : c’est ce qui vous rendra sage et intelligents. » « Garde ses lois et ses commandements que je te donne aujourd’hui pour ton bonheur »

• La Parole de Dieu, gravée dans la pierre, transmise par Moïse pour donner la vie et une terre au peuple

• La Parole doit faire germer dans le peuple une autre manière de vivre

• C’est cette manière nouvelle de vivre, avec Dieu et entre eux, qui les rendra vraiment intelligents et heureux pour toujours.

2. Ezéchiel

Ez 36, 26..28 : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles. Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères : vous, vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu. »

• Dieu promet de graver la Parole non plus sur la pierre mais dans les cœurs (Jr. 31, 33) en les transformant en cœur vivant, nouveau.

• Ce cœur nouveau pourra comprendre la Parole et agir dans l’Esprit Saint.

• La Parole et le don de l’Esprit engendre une fraternité

II. Jésus accomplit la promesse

1. La Pentecôte

Lc 24, 32 ..44-45 : « « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? … Puis [Jésus ressuscité] leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »

45 Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures.

49 Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. » Rm 12, 2b : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. »

• Prenant sur lui tous nos péchés, Jésus ouvre un passage à l’Esprit Saint pour l’humanité

• Tout homme pécheur qui accueille Jésus et l’Evangile reçoit l’Esprit Saint et un cœur nouveau

• Il se forme une communion nouvelle entre ces personnes

Autres réf. : Eph 4, 23 : Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée.

2. La communauté nouvelle

1P1, 22-23 : « En obéissant à la vérité, vous avez purifié vos âmes pour vous aimer sincèrement comme des frères ; aussi, d’un cœur pur, aimez-vous intensément les uns les autres, car Dieu vous a fait renaître, non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable : sa parole vivante qui demeure. »

• Si nous laissons entrer la Parole dans notre esprit, intelligence et volonté, nous renaissons.

• Le fruit de cette renaissance est un amour nouveau

• Un amour qui fait vraiment de nous des frères.

Autres référence : Ac 2, 41-47

III. Vatican II au souffle de l’Esprit

1. Saint Augustin commente Ezéchiel

Je ferai sortir mes brebis des pays étrangers, je les rassemblerai et je les ramènerai chez elles, je les mènerai paître sur les montagnes d’Israël. Il appelle « montagnes d’lsraël » les auteurs des saintes Écritures. C’est là qu’il faut paître, si vous voulez le faire en sécurité. Tout ce que vous apprenez là, savourez-le ; tout ce qui est en dehors, rejetez-le. Ne vous égarez pas dans le brouillard, écoutez la voix du berger. Rassemblez-vous sur les montagnes de la sainte Écriture.

2. Le concile Vatican II nous trace la route

« En écoutant religieusement et proclamant avec assurance la Parole de Dieu, le saint Concile fait sienne cette parole de saint Jean : « Nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous est apparue : ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous soyez en communion avec nous et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jn 1, 2-3).

C’est pourquoi, suivant la trace des Conciles de Trente et du Vatican I, il entend proposer la doctrine authentique sur la Révélation divine et sur sa transmission, afin que, en entendant l’annonce du salut, le monde entier y croie, qu’en croyant il espère, qu’en espérant il aime. » (Préambule de la constitution « Dei Verbum » du Concile Vatican II).

• Le concile, à la suite des Père de l’Eglise, veut un renouvellement dans la communion de l’Eglise par l’étude des Ecritures.

• L’étude et l’annonce de la Parole ont comme but d’offrir cette communion nouvelle à tout homme qui la cherche.

• Un mouvement inscrit aujourd’hui dans la liturgie et la formation, mais qui reste à développer dans la vie ordinaire du chrétien et de sa communauté.

Autre référence : DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI, Collège des Bernardins, Paris Vendredi 12 septembre 2008

Les monastères furent des espaces où survécurent les trésors de l’antique culture et où, en puisant à ces derniers, se forma petit à petit une culture nouvelle. Comment cela s’est-il passé ? Quelle était la motivation des personnes qui se réunissaient en ces lieux ? Quels étaient leurs désirs ? Comment ont-elles vécu ? Avant toute chose, il faut reconnaître avec beaucoup de réalisme que leur volonté n’était pas de créer une culture nouvelle ni de conserver une culture du passé. Leur motivation était beaucoup plus simple. Leur objectif était de chercher Dieu, quaerere Deum. Au milieu de la confusion de ces temps où rien ne semblait résister, les moines désiraient la chose la plus importante : s’appliquer à trouver ce qui a de la valeur et demeure toujours, trouver la Vie elle-même. Ils étaient à la recherche de Dieu. Des choses secondaires, ils voulaient passer aux réalités essentielles, à ce qui, seul, est vraiment important et sûr. On dit que leur être était tendu vers l’« eschatologie ». Mais cela ne doit pas être compris au sens chronologique du terme – comme s’ils vivaient les yeux tournés vers la fin du monde ou vers leur propre mort – mais au sens existentiel : derrière le provisoire, ils cherchaient le définitif. Quaerere Deum : comme ils étaient chrétiens, il ne s’agissait pas d’une aventure dans un désert sans chemin, d’une recherche dans l’obscurité absolue. Dieu lui-même a placé des bornes milliaires, mieux, il a aplani la voie, et leur tâche consistait à la trouver et à la suivre. Cette voie était sa Parole qui, dans les livres des Saintes Écritures, était offerte aux hommes. La recherche de Dieu requiert donc, intrinsèquement, une culture de la parole, ou, comme le disait Dom Jean Leclercq : eschatologie et grammaire sont dans le monachisme occidental indissociables l’une de l’autre (cf. L’amour des lettres et le désir de Dieu, p.14). Le désir de Dieu comprend l’amour des lettres, l’amour de la parole, son exploration dans toutes ses dimensions. Puisque dans la parole biblique Dieu est en chemin vers nous et nous vers Lui, ils devaient apprendre à pénétrer le secret de la langue, à la comprendre dans sa structure et dans ses usages. Ainsi, en raison même de la recherche de Dieu, les sciences profanes, qui nous indiquent les chemins vers la langue, devenaient importantes. La bibliothèque faisait, à ce titre, partie intégrante du monastère tout comme l’école. Ces deux lieux ouvraient concrètement un chemin vers la parole. Saint Benoît appelle le monastère une dominici servitii schola, une école du service du Seigneur. L’école et la bibliothèque assuraient la formation de la raison et l’eruditio, sur la base de laquelle l’homme apprend à percevoir au milieu des paroles, la Parole.

Pour avoir une vision d’ensemble de cette culture de la parole liée à la recherche de Dieu, nous devons faire un pas supplémentaire. La Parole qui ouvre le chemin de la recherche de Dieu et qui est elle-même ce chemin, est une Parole qui donne naissance à une communauté. Elle remue certes jusqu’au fond d’elle-même chaque personne en particulier (cf. Ac 2, 37). Grégoire le Grand décrit cela comme une douleur forte et inattendue qui secoue notre âme somnolente et nous réveille pour nous rendre attentifs à la réalité essentielle, à Dieu (cf. Leclercq, ibid., p. 35). Mais elle nous rend aussi attentifs les uns aux autres. La Parole ne conduit pas uniquement sur la voie d’une mystique individuelle, mais elle nous introduit dans la communauté de tous ceux qui cheminent dans la foi. IV.

Et nous ?

1. La Parole au cœur des Fraternités Emmaüs

La fraternité Emmaüs a comme but de :

• Construire progressivement un réseau large de chrétiens dans la paroisse et ouvert à tous.

• De travailler les Ecritures et notre foi, dans l’Esprit Saint, et en Eglise paroissiale

• D’accueillir structurellement les personnes en recherche de Dieu et de sens, les « comètes ».

2. La Parole nous donne la méthode

• Ouvrir notre cœur à l’action de l’Esprit Saint reçu à notre baptême et à notre confirmation.

• Travailler un texte des Ecritures aidé par une catéchèse paroissiale pour faire grandir entre nous une communion d’amour dans le Christ.

• Se soutenir dans sa vie chrétienne de lycéen, de parents, de salarié, de citoyen

• Se mettre « en orbite » pour accueillir une comète en recherche d’un soleil … en partageant avec elle la Parole « afin qu’elle soit elle aussi en communion fraternelle avec nous ».

 

Séance n°2